Entretien avec Razika Adnani – « Sortir de l’islamisme » : Quand la philosophie éclaire la réforme de la pensée musulmane 



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Propos recueillis par Angélique Bouchard 

Dans son dernier ouvrage Sortir de l’islamisme (Éditions Erick Bonnier, 2024), la philosophe et l’une des meilleures spécialistes de l’islam, contributrice régulière du Diplomate médiaRazika Adnani propose une réflexion profonde sur les causes et les dynamiques de l’islamisme, tout en proposant des pistes pour s’en émanciper. À travers une approche rigoureuse, qui mêle analyse théologique, regard historique et questionnement philosophique, elle suggère de repenser la place de la religion dans l’espace public et d’ouvrir la voie à une réforme de l’islam. Dans cet entretien pour Le Diplomate, nous revenons avec elle sur les principaux axes de son livre, les défis actuels liés à l’extrémisme, et les chemins possibles vers une modernisation de l’islam.

Le Diplomate : Votre livre s’intitule Sortir de l’islamisme. Pourriez-vous nous expliquer dans quel contexte intellectuel et historique s’inscrit ce travail, et pourquoi vous avez ressenti l’urgence de proposer une réflexion approfondie sur la montée de l’islamisme ?

Razika Adnani : J’ai écrit cet ouvrage dans le contexte politique et géopolitique inquiétant du monde qui est propice à la prolifération des extrémismes et des totalitarismes, et l’islamisme est un extrémisme et un totalitarisme. L’idée remonte à 2021 lorsque les talibans sont revenus au pouvoir et ont commencé à annoncer leur volonté d’imposer leurs règles les plus déshumanisantes, notamment aux femmes, en déclarant qu’elles étaient les règles de Dieu. Cela s’ajoutait au silence de la communauté internationale qui semblait accepter les talibans qui avaient privé les filles de leur droit d’aller à l’école et les femmes de tous leurs droits. J’ai réalisé qu’on était loin des années où l’Occident veillait au respect des droits et libertés des individus et obligeait les gouvernements à respecter les droits des femmes et leur rappelait le principe d’égalité, loin de l’époque de modernisation, appelée nahda, durant laquelle les musulmans voulaient s’émanciper des règles de la charia qui remontent aux premiers siècles de l’islam. J’ai compris à ce moment-là le danger qui guettait le monde et notamment les femmes qui vivent dans les sociétés musulmanes. J’en ai alors déduit que les populations dans le monde musulman devaient désormais compter sur elles-mêmes, notamment les femmes qui sont les premières cibles de l’islamisme. Elles doivent compter sur elles-mêmes pour défendre leur dignité humaine et celle de leur fille. J’ai écrit ce livre pour qu’il devienne le manuel qui leur permettra d’utiliser le moyen de lutte le plus efficace : celui de la connaissance. Ce livre s’adresse aussi aux non-musulmans, car ils ne sont pas épargnés par la montée de l’islamisme le plus radical, afin qu’ils puissent y trouver un moyen de défense contre son discours pour protéger leurs enfants, leurs élèves et leurs concitoyens. L’Occident ne pourra jamais lutter contre l’islamisme en se contentant de dire qu’il est dangereux et qu’il pratique de l’entrisme. Dénoncer l’islamisme, répéter les propos que tout le monde connaît, ne mettra jamais fin à l’islamisme. Il faut une lutte au sein de l’islam et c’est ce que j’ai fait dans cet ouvrage. 

LD : Vous soulignez dans votre ouvrage que l’islamisme puise ses fondements non seulement dans des facteurs politiques ou sociaux, mais aussi dans la pensée musulmane et l’histoire de l’islam. Pouvez-vous préciser en quoi la méconnaissance de la pensée musulmane et l’absence de regard critique porté sur l’islam ont contribué à nourrir l’extrémisme ?

RA : Il est impossible de comprendre la montée de l’islam conservateur et politique, qu’on appelle aujourd’hui l’islamisme, sans le placer dans le contexte historique des sociétés musulmanes et notamment l’histoire contemporaine qui l’a vu s’affaiblir avant de se renforcer à nouveau.  C’est ce que j’ai rappelé dans mon ouvrage, car dès 1930, pour empêcher toute réforme de l’islam et des sociétés musulmanes, les islamistes et tout particulièrement les Frères musulmans ont décidé de placer tous les problèmes qui pouvaient se poser dans le monde musulman en dehors de l’islam, mettre l’islam à l’abri de toute critique et placer toute recherche de solution ou lutte contre les problèmes en dehors de l’islam. Ils ont réussi à le faire, ce qu’on peut expliquer par le soutien qu’ils on eu de la part de l’Occident et précisément des universitaires français. 

Ce dernier élément est très important, car il est encore d’actualité. Je m’explique. En France à partir du début des années 1980, les universitaires : des anthropologues, des sociologues et des politologues (François Burgat, Gilles Kepel, Olivier Roy ou Florence Bergeaud-Blackler et j’ajoute le Britannique Chris Harman ) ont, eux aussi, placé les problèmes en dehors de l’islam en affirmant qu’ils étaient dus à l’islamisme, qui est un islam politique, et non à l’islam. Ils ont ainsi présenté l’islam comme exempt de toute responsabilité quant aux problèmes qui se posaient et l’ont mis de ce fait à l’abri de tout esprit critique, ce qui était l’objectif des islamistes et faisait partie de leur stratégie. Les universitaires qui étudient l’islamisme ont eux aussi placé la lutte contre l’islamisme en dehors de l’islam, ce qui n’invitait pas les musulmans à interroger l’islam. Leur thèse en accord avec celle des islamistes, et précisément des fréristes, s’est répandue dans tout l’Occident. 

Cela révèle, comme vous le dites, une méconnaissance de l’histoire des sociétés musulmanes, de l’islam et de sa théologie, mais aussi un entrisme islamiste au sein de l’université, car ces universitaires répètent fidèlement le discours islamiste. Cela révèle également un effondrement de l’esprit scientifique en France. Je parle d’effondrement de l’esprit scientifique, car cette définition n’a aucun fondement historique ni théologique. Elle est dictée uniquement par le souci du politiquement correct et par le désir de réconforter les musulmans dans leur religion. Par ailleurs, elle a fait le lit de l’islamisme en Occident et dans le monde musulman.

Dans mon ouvrage “Sortir de l’islamisme“, j’explique donc comment le concept de l’islamisme (l’islam politique) tel qu’il est défini, en France et ensuite dans tout le monde occidental, c’est-à-dire comme un mouvement contemporain qui n’a rien à voir avec l’islam ne permet pas aux musulmans de porter ce regard critique sur leur religion, alors qu’il est indispensable pour mener le travail nécessaire au sein de l’islam et lutter efficacement contre l’islamisme.

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LD : Vous mettez particulièrement en avant l’importance de la philosophie et de la pensée critique dans l’étude de l’islam. Comment, concrètement, cette démarche philosophique peut-elle contribuer à déconstruire les logiques islamistes et à offrir de nouvelles perspectives pour les théologiens ?

RA : C’est une démarche philosophique humaniste avant tout. Son objectif est d’en finir avec le discours religieux fondamentaliste et misogyne qui ne reconnaît pas la dignité humaine, qui prône la violence et la moralise, qui écrase l’humain et le prive de sa liberté. Ce qui ne s’accorde pas avec le sens de la religion où Dieu doit être là pour répondre aux questions existentielles de l’être humain et non pour l’écraser. Par nature la foi en Dieu ne peut pas être une question de contrainte sociale ou politique, sauf si la religion est devenue une politique, étant donné qu’aucune contrainte ne peut obliger l’être humain à croire s’il ne veut pas croire ou à ne pas croire s’il veut croire. Les premiers musulmans ont construit à partir du Coran un islam fondé sur la domination de l’homme sur la femme et des musulmans sur les non-musulmans, ainsi que sur la politique comme partie intégrante de l’islam. Aujourd’hui, la philosophie morale a changé et la justice ne peut exister que si elle est fondée sur le principe d’égalité. 

C’est ensuite une démarche épistémologique qui consiste à en finir avec l’idée que le passé est critère de vérité et que les premiers musulmans détiennent la vérité absolue. Il faut se libérer de l’épistémologie salafiste et en finir avec la sacralisation des anciens.

Enfin, c’est une démarche théologique. Il suffit de rappeler aux musulmans que l’islam ne se résume pas au Coran. L’islam, c’est avant tout le Coran, mais c’est aussi tout ce que les musulmans ont construit à partir du Coran dans le domaine théologique, juridique, exégétique et méthodologique. Il faut rappeler que l’être humain n’est pas parfait et que l’islam se veut un monothéisme fondé sur l’idée que Dieu est unique et ne partage ses attributs avec aucune de ses créatures. Il faut rappeler que les musulmans, pour empêcher tout regard critique porté sur l’islam, ont mis en place des théories qui sont le produit de leur pensée d’une part, et, d’autre part, comportent beaucoup de contradictions. C’est tout ce travail que j’ai fait dans cet ouvrage. Cette démarche ne consiste pas seulement à déconstruire les logiques islamistes, mais aussi celles de leurs alliés ceux qui leur disent : « soyez tranquille l’islamisme n’a rien à voir avec l’islam », comme c’est le cas des universitaires dont je viens de parler. Avec un tel discours, les musulmans ne feront jamais le travail nécessaire au sein de l’islam et l’islam ne changera pas ni ne fera sa réforme.

LD : Dans Sortir de l’islamisme, vous mentionnez la nécessité de s’émanciper de la version de l’islam proposé par le discours religieux pensée et construite lors des premiers siècles de l’islam. Quelles pistes de réforme concrètes proposez-vous pour favoriser, dans les pays musulmans comme en Occident, une éducation religieuse plus ouverte, critique et tournée vers la réalité contemporaine ?

RA : Avant tout, il faut savoir que les problèmes que pose l’islam ne sont pas dus uniquement à une mauvaise interprétation et la solution ne se résume pas à la réinterprétation des textes coraniques comme le prétendent tous les musulmans qui se disent ouverts et modérés que j’appelle dans mon ouvrage les « modernistes islamiques », dont font partie le « féministes islamiques ». Refaire le choix des textes coraniques fait jusqu’à présent par les religieux qui sont tous des hommes. Pour cela, il faut remettre en cause l’argument du Coran, selon lequel les musulmans se soumettent obligatoirement aux recommandations coraniques, ce qui n’est pas valide comme argument comme je l’ai démontré dans mon ouvrage. Se libérer de l’ancienne théologie pour en construire une nouvelle fondée sur le respect de la pensée et de l’intelligence. Séparer l’islam de sa dimension politique pour qu’il soit une religion et non une politique. Dans l’ouvrage, j’ai donné beaucoup d’exemples qui expliquent cette démarche. 

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LD : Vous consacrez un chapitre à la place des femmes dans le discours islamiste. Pourquoi, selon vous, leur participation est-elle incontournable pour amorcer une réforme ? Quels obstacles et défis se posent encore à leur pleine contribution intellectuelle et spirituelle ?

RA : L’islamisme, ou l’islam politique, commence toujours sa lutte sur le terrain des femmes. Pour les soumettre à ses règles parce que l’islamisme est un patriarcat et ne peut exister sans soumettre les femmes à ses règles misogynes. Cependant, l’islamisme est également un totalitarisme et, de ce fait, il n’est pas fondé uniquement sur la soumission des femmes, mais aussi sur celle des hommes. Dans l’islamisme, les hommes, eux aussi perdent leur liberté politique, sociale, religieuse et morale. Mais l’islamisme a besoin de soumettre les femmes à la domination masculine, pour soumettre les hommes à des lois qui les privent de leur liberté. L’islamisme est conscient que les hommes musulmans acceptent leur misère morale, sociale et politique tant qu’ils sont les maîtres des femmes. Voilà pourquoi, je donne beaucoup d’importance aux femmes dans mon ouvrage, mais aussi parce que les femmes sont les plus grandes perdantes dans le système islamiste. Je considère que la lutte contre l’islamisme doit se faire sur le terrain des femmes en premier lieu. Quand les femmes n’accepteront plus de se soumettre à l’islamisme et que celui-ci ne pourra plus garantir aux hommes d’être les maîtres des femmes, les hommes n’auront plus de raison de se soumettre à l’islamisme et celui-ci disparaîtra de facto. Les premiers obstacles à cette émancipation des femmes sont les idées reçues dont je cite les plus importantes dans l’ouvrage.  

LD : Le phénomène islamiste n’est pas seulement doctrinal ou théologique : il est lié à des contextes géopolitiques, des conflits régionaux et des stratégies de puissance. Comment, dans le cadre de votre réflexion, envisagez-vous la responsabilité des États (notamment au Moyen-Orient) et des acteurs internationaux dans la consolidation ou la régression de l’islamisme ?

RA : Le phénomène de l’islamisme, ou l’islam politique, est doctrinal et théologique. S’il est lié aux conflits régionaux et aux stratégies de puissance, elles remontent à l’époque de Médine lorsque le prophète vivait dans cette ville. Le contexte géopolitique et les conflits régionaux du XXe siècle et du XXIe siècle ne l’ont pas créé, mais lui ont permis de se renforcer et de vaincre les modernistes. 

La responsabilité des États musulmans réside dans la nécessité de séparer l’islam de la politique pour qu’il soit une religion et non une politique. Quant aux acteurs internationaux ils doivent cesser leur précipitation à reconnaître les gouvernements islamistes et pousser les États musulmans à aller vers une séparation de la religion et de la politique. Les violences au nom de l’islam dans les pays musulmans n’ont jamais cessé depuis le VIIe siècle la première preuve les récents massacres en Syrie.  Tous les pays qui aspirent à une paix politique et sociale doivent œuvrer pour séparer l’islam de sa dimension politique pour qu’il devienne une religion uniquement. Les individus qui appartiennent à ces pays ne sont pas tous musulmans et au sein de l’islam il y a plusieurs islams qui provoquent des affrontements et des hostilités dont les musulmans doivent se passer », ce que j’ai répété dans mon ouvrage « Sortir de l’islamisme ». 

LD : Dans votre livre, vous insistez sur une voie de sortie possible, notamment grâce à la combinaison du travail critique sur les textes et de l’engagement humain. Quels sont, selon vous, les éléments-clés pour transformer cet espoir de réforme en un mouvement pérenne, ancré à la fois dans les sociétés musulmanes et dans l’ensemble du monde ?

RA : La sortie n’est pas seulement possible. Elle est nécessaire. Pour moi, il n’y en pas d’autre. C’est la raison pour laquelle je dis dans l’ouvrage que toute lutte contre l’islamisme qui n’est pas menée au sein de l’islam est un bricolage. En France, on ne cesse de dénoncer l’islamisme et de faire des annonces de lutte. On ne pourra jamais lutter contre l’islamisme si le travail ne se fait pas au sein de l’islam et tant que ce travail de réforme de l’islam le séparant de sa dimension politique ne sera pas fait. Pour que cet espoir de réforme se transforme en réalité, il faut que les États musulmans suppriment de leurs textes de lois les articles qui prévoient de la prison à celui qui donne un avis différent au sujet de la religion. Quant à l’Occident et particulièrement la France, ils doivent cesser de vouloir consoler les musulmans en leur disant que l’islam n’a rien à voir avec les problèmes qui se posent et que l’islamisme (l’islam politique) n’a rien à voir avec l’islam ou que c’est un mouvement contemporain. Le danger qui guette davantage la France est de vouloir aller encore plus loin en affirmant que l’islamisme lui-même se résume au frérisme comme nous l’avons constaté dans le discours de Darmanin et ensuite de Retailleau qui ont décidé que la France devait lutter uniquement contre le frérisme. D’une part, le frérisme est une partie de l’islamisme et non tout l’islamisme. D’autre part, les pays qui luttent contre le frérisme comme l’Arabie Saoudite ou encore l’Égypte ne luttent pas contre l’islamisme, car eux-mêmes pratiquent un islam politique. La France doit lutter contre toute intrusion de la religion dans le domaine politique quelle que soit son origine.

LD : Pour conclure, quelles réflexions souhaiteriez-vous laisser aux lecteurs qui découvrent Sortir de l’islamisme? Quelles étapes décisives doivent être franchies pour qu’une véritable dynamique de renouveau, à la fois religieuse et philosophique, puisse contribuer à réduire significativement l’influence de l’islamisme ?

RA : L’objectif du livre n’est pas de réduire l’influence de l’islamisme, mais de sortir de l’islamisme, c’est-à-dire d’en finir avec l’islam politique qui est un totalitarisme et un conservatisme. Quant aux étapes décisives, la reconnaissance de la responsabilité de l’islam dans les problèmes qui se posent est nécessaire pour pouvoir les résoudre. On ne peut pas résoudre un problème dont on nie l’existence, ce qui concerne avant tout les musulmans, car c’est leur religion et c’est à eux que revient le devoir de réformer leur religion. L’humanité ne peut pas sortir de l’islamisme sans une réforme de l’islam. Il faut donc réformer l’islam. Je précise dans mon ouvrage qu’il s’agit d’une réforme qui crée du nouveau en islam et ne pas regarder vers le passé. Le renouveau consiste donc à construire un nouvel islam sur les mêmes textes coraniques, ce que j’ai déjà dit dans d’autres ouvrages, mais dans celui-ci je démontre comment cela est possible et comment ce travail doit être mené en commençant par la coupure radicale avec la conception des anciens de l’islam, de la société et de la morale. L’objectif final de cette réforme est de faire de l’islam une religion et non une politique, car dans ce livre comme vous le constatez j’utilise le terme islamisme dans le sens de l’islam politique. Cependant, je réfute totalement l’idée des anthropologues et des sociologues nous racontant que l’islam politique est un mouvement contemporain qui n’a rien avoir avec l’islam, conception qui s’est ensuite répandue dans le monde anglo-saxon. Peut-on dire que le christianisme n’a rien avoir avec la religion chrétienne ou que le judaïsme n’a rien avoir avec la religion juive ou encore qu’un stylo rouge ne soit pas un stylo ? Voilà pourquoi l’autre étape décisive est que l’université française renoue avec l’esprit scientifique pour que le chercheur ne se soumettre pas aux exigences politiques, mais uniquement à l’esprit scientifique. Il doit écouter ce que lui disent les éléments qu’il a devant lui. L’honnêteté morale est très importante dans le travail d’un chercheur y compris dans le domaine de l’islam. 

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