“M. Retailleau, la lutte contre l’islamisme doit être une lutte contre l’intrusion de l’islam en politique” Lettre ouverte de Razika Adnani à Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur



© Le contenu de ce site est protégé par les droits d’auteurs. Merci de citer la source et l'auteure en cas de partage.

Lettre publiée par Marianne

Monsieur le ministre de l’Intérieur, vous avez annoncé votre détermination à lutter contre l’islam politique, ce qui ne peut qu’être applaudi. Cependant, vous avez précisé, tout comme votre prédécesseur Gerald Darmanin, que c’est contre un mouvement particulier que vous allez mener le combat, celui de la Confrérie des Frères musulmans.

La Confrérie des Frères musulmans représente une grande menace pour la République et il est temps de lutter contre son entrisme. Cependant, cibler uniquement les Frères musulmans revient à dire que le problème de l’islam politique réside uniquement dans la Confrérie des Frères musulmans.

Or, l’islam politique, ou l’islamisme, qui est un islam qui fait de la politique ne se limite pas au frérisme. Celui-ci ne représente qu’une partie de l’islam politique et non tout l’islam politique et l’entrisme islamique, y compris en France, n’est pas l’apanage des Frères musulmans. Désigner les Frères musulmans dans la lutte contre l’islam politique signifie donc que l’État va lutter contre un mouvement islamiste particulier et non contre l’islamisme.

Monsieur le Ministre, la France veut-elle s’aligner dans le domaine de la lutte contre l’islam politique sur les pays musulmans qui luttent contre les Frères musulmans, mais pas contre l’islamisme ? Cependant, les pays musulmans désignent un groupe islamiste particulier contre lequel ils luttent, car ils ne peuvent pas déclarer la guerre à l’islam politique. À moins qu’ils ne déclarent la guerre à leur propre système et entament des réformes politiques considérables, accompagnées d’une réforme en profondeur de l’islam, en renonçant à la charia comme système juridique, ce qu’ils ne veulent pas faire.

C’est le cas de l’Égypte et de l’Arabie Saoudite, que Darmanin a données comme exemple, qui ont même déclaré officiellement que la Confrérie était une « organisation terroriste » alors que tous les deux pratiquent un islam politique. Depuis 1971, l’Égypte stipule dans sa Constitution que l’islam est la religion de l’État et atteste que la charia est la loi fondamentale du pays, et le Droit égyptien applique la charia qui infériorise la femme. L’infériorisation de la femme que vous avez citée, lors que votre audience de l’Assemblée nationale comme un caractère du frérisme. Croyez-moi Monsieur le Ministre que j’aurais aimé que vous ayez raison. Mais ce n’est pas le cas. L’infériorisation de la femme est un critère de la charia qui remonte à 622 date à laquelle l’islam est devenu une religion qui ne se dissocie pas de la dimension politique. Et comme vous le savez, la Confrérie des Frères musulmans est née en 1928.

Quant à l’Arabie saoudite, elle précise dans l’article 1 de sa Constitution qu’elle est un État islamique et dans l’article 7 que « l’autorité du gouvernement émane du saint Coran et de la tradition du prophète ». Le terme charia est évoqué dans presque tous les articles de la Constitution saoudienne. Par ailleurs, si l’Arabie saoudite et l’Égypte affirment qu’elles luttent contre « l’islam politique », avec cette expression elles désignent uniquement les Frères musulmans.

Monsieur le Ministre, la France n’est ni un État islamique ni un pays musulman et n’est pas obligée, si on peut dire les choses ainsi, de désigner les Frères musulmans, ou un autre mouvement islamiste, comme s’ils étaient le seul problème au lieu de lutter contre l’islamisme. Le faire serait une reconnaissance de la part de l’État qu’il ne veut pas ou qu’il ne peut pas lutter contre l’islamisme et préfère de ce fait faire comme les pays musulmans : lutter contre un groupe islamiste particulier, les Frères musulmans. C’est également transmettre un message qui veut dire que tant qu’il ne s’agit pas de frérisme, l’islamisme ne pose pas de problème. Pour les musulmans, cela risque d’engendrer davantage de conservatisme et dans le domaine de la lutte contre l’islamisme davantage de confusion étant donné qu’il est difficile de distinguer entre une pratique islamique d’un frériste et d’un islamiste ou encore d’un musulman conservateur. Comment l’État qui précise lutter contre les Frères musulmans va-t-il procéder ? Considérera-t-il tout individu pratiquant la charia dans l’espace public, comme porter le voile, comme un frériste qu’il faut sanctionner ? Assurément, beaucoup de Français musulmans qui n’ont aucun lien avec les Frères musulmans ne comprendront pas et se diront victimes de racisme. Ou bien permettra-t-il des pratiques de la charia dans l’espace public en considérant que, tant que la personne ne fait pas partie du mouvement des Frères musulmans, elle ne fait qu’appliquer l’islam ? Ce qui serait une aubaine pour les islamistes. Que fera l’État dans le cas où les Frères musulmans, sachant parfaitement s’adapter aux nouvelles situations, sans rien changer en réalité de leur idéologie ni de leur projet politico-religieux, déclarent publiquement qu’ils sont contre le frérisme et affirment même le combattre ?

Monsieur le Ministre, pendant 40 ans en France en s’alignant sur le discours religieux islamiste et conservateur pour qui l’islam n’était pas responsable des problèmes qui se posaient mais seulement les musulmans, on a répété que l’islamisme n’avait rien à voir avec l’islam. Je n’ai pas besoin de vous dire à quel point cette expression a participé à freiner toute évolution de l’islam et des musulmans. Aujourd’hui, on est en train de s’aligner sur les pays musulmans pour qui seul le frérisme pose problème. Monsieur le Ministre, la lutte contre l’islamisme doit être une lutte contre l’intrusion de l’islam dans le domaine politique et contre toute tentative du Droit musulman, ou de la charia, de s’imposer quels que soient les individus ou les groupes qui agissent de la sorte. Et si la fin de l’islam politique n’interviendra que si l’islam se sépare de sa dimension politique, cette lutte permettra la prise de conscience des musulmans de la nécessité de cette séparation. Pour la France, c’est la seule manière de protéger la laïcité.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mes salutations distinguées.

Razika Adnani

© Le contenu de ce site est protégé par les droits d’auteurs. Merci de citer la source et l'auteure en cas de partage.

6 Commentaire(s)

  1. Mhamed Hassani dit :

    Bravo pour ta vigilance permanente sur le front de la lutte contre l’islamisme politique.
    Mhamed Hassani

  2. Raymond-Alexandre VERNIER dit :

    Je suis complètement d’accord avec vous Razika. Personnellement j’avais été mis en garde contre l’islamisme politique par un Père Blanc qui revenait du moyen orient, il y a 40 ans.

  3. Mohamed hammadi dit :

    Soutien à Razika ADNANI ,pour une lutte globale contre l’islamisme politique en France et dans tous l’Europe ; Nous vivons un e époque ou la laïcité et les valeurs républicaines sont menacées par des idéologies qui cherchent à s’immiscer dans la société française et la civilisation occidentale .La lettre ouverte lancée par l’imminente chercheuse Razika Adnani s’adresse à tous les esprits éveillés et conscients du problème et elle soulève une question cruciale : la nécessité de combattre l’islamisme politique dans toutes ses formes et pas seulement de ce concentrer sur la lutte contre la fraternité des frères musulmans ,alors on doit stopper tous les agissements islamistes dans la société et la première chose à faire c’est d’arrêter la venue des imams dans les mosquées de la France des pays qui prônent l’islam et la “charia” comme religion d’état ,pour argument d’encadrer la prière de “taraouih” au mois de Ramadhan ,car c’est un puissant outil pour faire propager la pensée islamiste et l’esprit de haine et de takfirisme ,notamment au sein de la population maghrébine ,il faut faire comme le Japon ,point barre ..Bref ,l’islamisme politique ne se limite pas à un seul groupe ou à une seule organisation ,c’est un état de pensée haineux et pathogène ,il s’exprime à travers divers mouvements ,discours et comportements qui visent à imposer une vision radicale et dogmatique de la religion dans la sphère publique.Ignorer ce phénomène ,c’est prendre le risque de voir la laïcité et la cohésion sociale fragilisés.Nous appelons donc à une vigilance accrue et à une action déterminée pour identifier et contrer tous les signaux islamistes (Abaya déguisée en robe ,voile ,comportements délinquants qui intègrent l’islamisme qui fait tendance , discours religieux musulman et autres ) qu’ils soient subtils ou flagrants .Cela nécessite une approche globale qui englobe l’éducation ,la prévention ,et des mesures législatives adaptées.La laïcité est le rempart solide contre tous les formes de radicalisme ,elle doit être protégée et renforcée.Je soutiens Razika Adnani dans son appel à une action concertée et efficace pour défendre le valeurs de modernité et d’émancipation et de l’universalisme ,il est temps de faire entendre cette voix et de rappeler aux décideurs notamment le Président de la république Mr MACRON que la lutte contre l’islamisme est essentielle pour préserver non seulement la France mais toute la civilisation ,la liberté et le vivre ensemble..

  4. Alexandre Feigenbaum dit :

    C’est vrai que les pays qui ont interdit les Frères musulmans sont toujours empoisonnés par leur idéologie : ils n’osent pas dénoncer le Hamas, ils n’osent pas reconnaître la déclaration universelle des droits de l’homme … Il faut combattre tous les jihadistes. Cet article nous apprend aussi qu’on ne combat pas les jihadistes uniquement par des mesures policières. Il faut dénoncer leur idéologie.

  5. Claudio Poncelet dit :

    Madame
    Vous avez mille fois raison et vous savez de quoi vous parlez.
    Toutefois, l’islam etant une doctrine politique faite religion ou une religion faite doctrine politique, il n’est pas réellement possible de dissocier les deux, je ne vous apprends rien
    Donc, soit on finit par admettre, comme les études comparatives sur la Torah ainsi qu’archéologiques et scientifiques l’ont fait que le coran N’EST PAS ET NE PEUT ETRE PAROLE DE DIEU et que Muhammad n’est pas par conséquent son messager, ce qui ferait de l’islam uniquement une tradition culturelle, qui pourrait etre “deiste” c’est à dire admettre une foi intime en un Dieu qui n’est pas le fruit d’une révélation,……. soit c’est un debat sur des voeux pieux qui ne pourront pas se concrétiser sans le préambule : DIEU EXISTE PEUT ETRE….MAIS SÛREMENT IL N’ÉCRIT PAS DE LIVRES ET IL N’ECRIS PAS DE LOIS!
    Merci Madame

  6. Claudio Poncelet dit :

    Madame
    Vous avez mille fois raison et vous savez de quoi vous parlez.
    Toutefois, l’islam etant une doctrine politique faite religion ou une religion faite doctrine politique, il n’est pas réellement possible de dissocier les deux, je ne vous apprends rien
    Donc, soit on finit par admettre, comme les études comparatives sur la Torah ainsi qu’archéologiques et scientifiques l’ont fait que le coran N’EST PAS ET NE PEUT ETRE PAROLE DE DIEU et que Muhammad n’est pas par conséquent son messager, ce qui ferait de l’islam uniquement une tradition culturelle, qui pourrait etre “deiste” c’est à dire admettre une foi intime en un Dieu qui n’est pas le fruit d’une révélation,……. soit c’est un debat sur des voeux pieux qui ne pourront pas se concrétiser sans le préambule : DIEU EXISTE PEUT ETRE….MAIS SÛREMENT IL N’ÉCRIT PAS DE LIVRES ET IL N’ECRIT PAS DE LOIS!
    Merci Madame

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *