Razika Adnani “Les grandes contradictions des musulmans”



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L’islam est la troisième religion monothéiste. Il repose, selon ses adeptes, sur trois principes fondateurs : l’existence d’un Dieu unique dans ses attributs, la sacralité du Coran en tant que parole divine révélée et la prophétie de Mohamed en tant que dernier messager de cette parole. […].

L’islam est donc constitué de deux parties : les principes fondateurs représentant le socle et tout ce qui est construit sur ce socle. La première appartient au monde de la foi. La seconde représente en revanche le monde de l’exégèse, du droit et des hadiths témoignant de toute la place qu’a eue la pensée humaine dans la construction de l’islam. C’est l’être humain qui a commenté les textes, défini les méthodes à suivre, trié et rassemblé les hadiths, construit la théologie, extrait les règles juridiques des sources scripturaires, etc. Ce travail s’est avéré indispensable pour que l’islam révélé, selon la foi musulmane, soit à la portée de l’être humain qui le comprend et le met en œuvre, quelle que soit la forme que prend cette pratique : l’application de la charia, la méditation spirituelle ou l’observation du culte […]. Aucun édifice ne peut s’ériger et se maintenir s’il n’y a une parfaite harmonie et une totale adhésion aux fondations sur lesquelles il est construit. De même, toute réflexion ne peut se construire que si elle est cohérente avec les principes ou les idées de base sur lesquelles elle est bâtie même si la pensée peut assurément changer ses principes et ses prémisses, mais dans ce cas il s’agit d’une autre réflexion et d’une autre construction.

Aucun édifice ne peut s’ériger et se maintenir s’il n’y a une parfaite harmonie et une totale adhésion aux fondations sur lesquelles il est construit.

Il en est de même pour l’islam. Pour que cet édifice tienne, tout le savoir exégétique et juridique et même théologique, construit sur ses principes fondateurs, ne doit en aucun cas se contredire avec eux […] Celui qui atteste que Dieu est le seul être parfait et qui affirme, en même temps, que le commentaire est équivalent au texte originel ou que les règles de la charia sont sacrées et parfaites, revient à affirmer que Dieu est le seul être parfait et qu’il n’est en même temps pas le seul être parfait ; la quasi-majorité des musulmans sont dans cette contradiction issue d’une erreur de raisonnement. 

En islam, cette dernière représente le plus grand péché qu’un musulman puisse commettre selon le dogme de l’islam : celui du chirk, terme arabe qui revient à associer Dieu à une autre divinité ou à une autre créature qui partagerait avec lui ses attributs […] 

Ces contradictions s’expliquent par des principes, des théories et des expressions que les musulmans ont construits et mis en place. Dans le domaine de la tradition prophétique, ils ont instauré un ensemble de formules comme « la sunna authentique », « la sunna incontestable », « l’authentique d’al-Boukhari » ou encore « l’authentique de Muslem. » Autant d’expressions qui toutes ont pour objectif d’éliminer un doute ou de contrecarrer une critique quelconque au sujet de la tradition du prophète, et notamment à propos des dits du prophète ou hadiths. Comme si les savants du hadith qui ont confectionné les recueils étaient à l’abri de toute erreur, comme s’ils étaient au-delà de leur condition humaine, des êtres parfaits.

Des formules comme « la sunna authentique », « la sunna incontestable », « l’authentique d’al-Boukhari » ou encore « l’authentique de Muslem” ont toutes pour objectif d’éliminer le doute et de contrecarrer toute critique

Dans le domaine de la théologie, les musulmans ont construit un grand nombre des théories selon lesquelles certains recevraient directement la connaissance du divin et jouiraient de qualités morales et intellectuelles qui leur permettraient d’accéder à son savoir absolu. Ce sont les saints chez les soufis considérés comme des initiés, des privilégiés à qui Dieu dévoile la vérité ; ce sont les imams chez les chiites, qui représentent le Coran parlant que Dieu a envoyé pour interpréter le Coran révélé à Mohamed, qui lui est silencieux ; en quelque sorte, une forme de deuxième Coran qui complèterait le premier.

Ces théories laissent croire que la révélation s’est poursuivie après la mort du prophète et que le Coran n’est pas le seul livre sacré alors que les principes de l’islam affirment que Mohamed est le dernier messager de Dieu et de ce fait aucun livre n’est révélé après le Coran. Les savants enracinés dans la science et les salafs chez les sunnites disposeraient, eux aussi, d’aptitudes qui les autoriseraient à connaître la véritable interprétation des textes implicites que seul Dieu connaît.

Dans le domaine exégétique et méthodologique, la théorie du naql a été, elle aussi, mise en place pour prétendre à et justifier une équivalence totale entre le texte et le commentaire. Enfin, dans le domaine juridique, la théorie du Coran incréé est tissée pour inscrire les lois de la charia (extraites des textes) au-dessus des facteurs de temps et de lieu. 

Autant de théories qui vont à l’encontre des principes sur lesquelles s’est construit l’islam et qui font que les murs de l’édifice, tel que les musulmans les ont bâtis, n’adhèrent pas au socle sur lequel s’érige l’islam. Aller à l’encontre des principes de l’islam n’est pas la seule contradiction et la seule erreur de raisonnement qui caractérisent la pensée musulmane. Cependant, aller à l’encontre des principes fondateurs de l’islam, ne pas les prendre en considération, constitue la plus grave contradiction et la plus grave erreur de toutes.

Le principe de l’unicité divine est le plus important dans les trois religions monothéistes […] les croyants des trois religions, sous l’effet d’un orgueil démesuré ou poussés par les intérêts de la politique et du pouvoir, ont souvent oublié ce principe. Beaucoup l’oublient encore aujourd’hui : ils pensent qu’eux-mêmes ou certains savants, en qui ils ont confiance, détiennent la vérité absolue. Ils accusent leurs contradicteurs de mécréance, les condamnant même parfois à mort. Pourtant le principe de l’unicité atteste qu’aucun être humain ne détient la vérité absolue notamment dans le domaine de la religion. Il ne refuse pas aux croyants le droit de chercher la vérité. Cependant, il leur rappelle qu’ils ne pourront jamais prétendre l’atteindre notamment celle qui concerne le monde du divin et que leur savoir, aussi juste soit-il, ne pourra être que relatif.

Extrait de l’ouvrage de Razika Adnani : Islam : quel problème? Les défis de la réforme


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5 Commentaire(s)

  1. Rebaaoui dit :

    J’aime votre approche presque scientifique et chirurgicale pour un texte immuable et affectif ou tout est verrouillé et il n’y a aucune place le doute ,la critique ou l’interprétation.

  2. Fateh Boureboune dit :

    Dès lors que l’on va chercher un modèle profane, telle “une construction” pour analyser un modèle sacré, telle la religion, l’on inverse la hiérarchie et tout ce que l’on peut dire et nul et non avenu.Dès lors que l’on choisit les schismes pour critiquer l’Islam, l’on a donné raison aux sunnites sans s’en rendre compte. Votre approche, si nous pouvons la nommer ainsi, Madame Razika Adnani, est d’une puérilité telle qu’elle avoue les intentions qu’elles souhaitent tenir secrète.

    1. Mimi dit :

      Fateh Boureboune, vous n’avez donné aucun argument valable qui prouve que l’analyse de Razika Adnani est fausse.

    2. Benhabib dit :

      De facto M Bourboune vous nous imposez votre hiérarchie à savoir le sacré au dessus du profane
      Ne vous en déplaise mais le texte sacré est lui aussi une construction puisque révélé par un humain adressé à des humains et fait pour eux
      Vous basant sur ces allégations vous condamnez l’auteur et son texte…. Pratiquement au bûcher
      C’est fort en harissa !
      Cette rhétorique est connue comme stratégie d’attaque dictée par une idéologie tristement célèbre toxique à tout débat scientifique
      Je vous demande de vous en retirer

  3. boureboune fateh dit :

    Benhadid, votre logique n’est pas la mienne, de plus elle est controuvée. Quant à l’auteure de l’article, elle est libre de dire tout ce qu’elle souhaite autant que je suis libre de me répondre.
    Autre chose, vous n’avez rien a me demander et rien a m’ordonner. Je suis un citoyen libre d’un pays libre. Bye! Bye! Monsieur Benhadid moi je suis Monsieur BENACIER.

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